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La modernité
L'université  « la plus moderne d’Europe » ?

Le projet de reconstruction de l’université de Caen est pensé par Henry Bernard comme un lien entre le classicisme architectural, caractéristique de l’ancienne université, et les principes de la modernité. En effet, l’architecte respecte les principes de symétrie typique du classicisme. Le projet retenu s’inspire notamment du modèle anglais monumental et du modèle pavillonnaire américain. La mise en scène des bâtiments choisie par Henry Bernard charrie également un discours élitiste classique de la modernité. En effet, l’accès aux bâtiments prestigieux, situés dans la cour d’honneur, est réservé aux étudiants ayant dépassé l’année d’études propédeutiques, extrêmement sélective. Certaines techniques architecturales, telles que la décoration de la cour d’honneur par des colonnes ou la recherche de simplicité dans les lignes architecturales font également écho aux codes du classicisme. La pierre de Caen, le verre trempé ou encore les pierres semi-précieuses des escaliers représentent des matériaux nobles et simples. Tout en respectant les codes du classicisme, Henry Bernard entend donner à ce projet une dimension moderne.

Ainsi, l'Université de Caen est la première, en France, à rassembler la totalité des fonctions universitaires, incluant les bâtiments d'enseignement mais aussi les logements étudiants, les infrastructures sportives et culturelles. Cela constitue une innovation majeure.  Le projet de reconstruction de l’université est également novateur dans la place qu’il accorde aux espaces naturels. En effet, sur les 30 hectares qu’occupe le campus, beaucoup d’espaces paysagers sont aménagés. L'importance accordée à la verdure, à l’activité physique et aux espaces dégagés sont des préoccupations modernes, qui gagnent en importance à partir des années 1930. Henry Bernard envisage l’Université comme un espace de vie en bordure de la ville. L’environnement naturel dans lequel sont immergés les étudiants est pensé comme une manière de les tenir éloignés des distractions citadines. Si, au fil des décennies, de nouveaux bâtiments sont construits pour répondre aux besoins du nombre croissant d’étudiants, de nombreux espaces verts sont préservés sur le campus. Le projet de reconstruction de l’université se pose donc à la jonction entre passé et présent. Tout en respectant les règles de l’harmonie classique et en respectant des références à l’architecture du passé, Henry Bernard accorde donc une place centrale aux principes architecturaux caractéristiques de la modernité. 

Si le campus a au départ été conçu pour accueillir 2000 étudiants, ils sont aujourd’hui 31000. Le système constructif imaginé par Henry Bernard a permis, au fil des décennies, une mutation du bâtiment permettant d’adapter l’université au phénomène de la massification de l’enseignement supérieur. 

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